par
Manu Baranovsky
Ses autres critiques
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Bien peu de passion mais des connaissances évidentes
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Janvier 4, 2007
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Le docteur Watson, dans ses récits, avait su percevoir et faire partager au lecteur, sûrement grâce à sa propre grande sensibilité, ce qui animait Sherlock Holmes ou d’autres protagonistes de ses récits. Malheureusement à l’époque de cette aventure, le bon docteur repose sous terre. Il n’en est donc pas le narrateur.
Au delà de la faiblesse de l’intrigue, prétexte au récit, c’est donc la platitude de la narration qui nuit le plus, selon moi, à l’ouvrage. Après lecture, j’ai l’impression que l’histoire était narrée sur un mode impersonnel, de manière très extérieure, descriptive plus qu’empathique, comme en retrait. Un exemple pioché au hasard pour illustrer mon propos : « Le détective est résigné. Il se rend bien compte qu’une aide lui sera précieuse… » ; j’ai l’impression, puisque ce ton est général au livre, d’un « émotiongramme » plat, puisqu’on dit sur le même mode « Il pleut » ou « La nuit tombe », ou même « Le piège se referme », sans qu’on ait partagé vraiment les ressorts, les « pourquoi », les « comment », les doutes... bref, l’intimité des protagonistes.
J’en tire une impression mitigée, marquée d’une impression générale de froideur : les amantes partagent apparemment bien peu de passion ; Holmes comme Lupin apparaissent comme des machines, des condensés d’eux-mêmes, déshumanisés par cette réduction aux réflexes principaux : voler pour l’un, sauver pour l’autre, et exister, briller même pathétiquement, pour l’un comme pour l’autre, au travers de cette activité. Mycroft est un peu traité de la même manière.
J’en suis à me demander si tout cela n’est pas le prétexte pour venir servir en notes, en fin de chaque chapitre, l’indéniable culture de l’auteur. Heureusement, c’est un plaisir de partager ces connaissances. Malheureusement, elles mélangent indifféremment les sources littéraires (le canon, Baring-gould, Dumas, Leblanc évidemment…), politiques, culturelles, géographiques… au point qu’on ne saurait, sans être averti par ailleurs, différencier ce qui est canonique de ce qui ne l’est pas.
Je n’en suis pour autant pas à déconseiller la lecture de l’ouvrage, et je lirai avec plaisir des avis différents.
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